Billet régional – In memoriam

Devant le décès du pasteur et professeur André Gounelle, notre chagrin n’a d’égal que l’immense reconnaissance d’avoir pu le rencontrer et bénéficier de de sa gentillesse, de son attention et bien sûr de son immense intelligence.

Monsieur Gounelle détestait le mot de conclusion, il préférait parler d’envoi ! C’est par ce terme qu’il terminait le plus souvent ses ouvrages. Je partage avec vous les dernières lignes de son dernier livre (Théologie du protestantisme) : « L’Évangile […] n’est pas un état mais un chemin, une route sur laquelle on avance plus ou moins difficilement (parfois même on recule). D’être sur cette route, même quand on claudique et qu’on se traîne, remplit de reconnaissance et du courage reçu. L’essentiel n’est pas ce que nous sommes et ce que nous faisons, mais ce que Dieu est et ce qu’il fait. L’important, la « seule chose nécessaire », c’est que sa parole et sa grâce nous interpellent, nous travaillent, nous transforment, nous mobilisent, nous fassent avancer ».

Une anecdote personnelle. À l’occasion du 4ème centenaire de l’IPT Montpellier, c’était le 10 mai 1996, dans un esprit un peu potache, les étudiants que nous étions alors avions voulu brocarder les remises de doctorats honoris causa, et nous lui avions donc remis très officiellement celui de l’enseignant le plus pédagogue, avec une épitoge que nous avions fabriquée et que nous avions accrochée sur l’épaule gauche de la robe doctorale qu’il avait revêtue pour l’occasion. M. Gounelle avait joué le jeu et avait même fait une réponse, avec cet humour qui le caractérisait aussi. Il y a quelques jours, j’ai été très ému lorsque, dans son bureau, j’ai découvert, accroché dans l’angle de sa bibliothèque, l’épitoge qu’il avait donc gardée et exposée. Témoignage de son humilité et de son attachement à ses étudiants.

Par-delà l’immense érudition qui fut la sienne, André Gounelle fut d’abord et avant tout un serviteur. Serviteur de la pensée de l’autre et des autres, lui qui inlassablement se donna pour mission de faire connaitre la pensée de Tillich, de Cobb et tant d’autres. Afin de nous aider à penser par nous-même.
Il avait ce talent de rendre plus intelligent ceux qui l’écoutaient, avec un infini respect. Jamais son immense érudition n’écrasait, mais toujours élevait et autorisait.
Par ces quelques lignes je veux exprimer l’infini reconnaissance non pas tant pour ce qu’à fait Monsieur Gounelle, car cela reste, ses livres, ses cours, ses conférences,
mais bien pour ce qu’il fut, en vérité, devant Dieu et avec nous. Davantage même, reconnaissance aussi pour ce que Dieu lui a donné d’être pour nous, d’être ce témoin plein
de tendresse aussi et d’attention, d’intelligence et de compassion, de sensibilité et de convictions.

 

Pasteur Jean-François Breyne
Président du Conseil régional en Cévennes – Languedoc – Roussillon

Billet publié dans le CEP

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