Message synodal 2023

Chers invités, chers délégués, Mme la modératrice, Mme la vice modératrice et Mr le vice modérateur, Frères et sœurs en Christ, Comme chaque année nous allons accueillir, dans un premier temps, les nouveaux venus dans notre belle région : trois ministres, une proposante et trois stagiaires. Puis nous nous souviendrons avec reconnaissance de celles et ceux qui se sont endormis en Christ. Mais avant cela, je vais demander à certains délégués dont ce sera le dernier synode régional de se lever afin que nous leur exprimions toute notre reconnaissance.

 

Je demande maintenant à celles et ceux que je vais nommer de se lever afin que tout le monde ait le plaisir de les découvrir.

 

Le dimanche 22 octobre notre région a eu le bonheur de vivre une ordination/reconnaissance de ministère de la pasteure Agnès Daudé dans l’Ensemble Entre Gardon et Vidourle.

 

Nous avons eu la grande joie d’accueillir les pasteures Agnès-Marie Rive sur Sète et Bassin de Thau ; et Claudia Heidemann sur Montpellier (EPUMA), secteur la Margelle. Nous avons eu l’extrême satisfaction d’accueillir la proposante Gaëlle Favas sur Valleraugue, Ardaillers, Taleyrac ; secteur qui depuis sept années n’avait pas de pasteur. Mais notre région a aussi un privilège, c’est d’avoir un des Instituts Protestant de Théologie à Montpellier. De fait, chaque année nous bénéficions de stagiaires qui sont accompagnés par des pasteurs et pasteures de notre région. (Ils arriveront en retard après la session avec la Commission des Ministères)

 

– Karine Michel avec le pasteur Jean-Paul Nunez (Cœur d’Hérault et Val d’Orb)
– Thalèes Dutra Araujo avec la pasteure Iris Reuter (à Nîmes paroisse la fraternité)
– Nelly Zapaterra avec le pasteur Frank Massler (dans l’Ensemble de la Gardonnenque) Souvenons-nous maintenant avec reconnaissance de nos pères et mères dans la foi
– Pasteur retraité Denis Raffinesque
– Geneviève Van der Beken, veuve du pasteur Jacques Van der Becken
– Jacques Reversat, fin juin (Sud Aveyron)
– Jean Brut ancien secrétaire de paroisse de Montpellier

Actes des Apôtres 22 v 3 à 11

 

Introduction humoristique

 

Chers délégués, chers invités,

 

J’ai été tenté, je l’avoue, pour ce dernier message synodal de vous raconter tout ce que les différents Conseils régionaux ont fait de bien durant ces sept années avec comme président du Conseil régional votre serviteur…J’ai été tenté. J’ai résisté à la tentation.

 

Je me suis dit, tiens, je pourrais pousser une chansonnette en guise d’accroche, comme je l’avais déjà fait il y a quelques années. J’ai encore résisté. Puis en relisant la Bible je suis tombé sur le livre des actes Apôtres chapitre 22 v 3 à 11. Et là, je n’ai pas résisté à vous le lire ce soir et à le méditer avec vous.

 

Lecture : livre des actes des Apôtres chapitre 22 v 3 à 11

 

Le ressuscité se dit être persécuté !

 

L’Apôtre Paul témoigne d’un Dieu qui prend l’initiative de le rencontrer alors que ce Paul, qui se nommait Saoul, ne respirait que violence, haine et désir de meurtres envers les premiers chrétiens. Pour rappel, Juste avant cette rencontre étonnante, Saoul avait approuvé le meurtre du Diacre Etienne. Malgré cela, Dieu vient à sa rencontre et l’interpelle tout en l’appelant pour qu’il se mette à Son service. Réentendons le témoignage de l’Apôtre :

« Une voix lui dit : Saoul, Saoul pourquoi me persécutes-tu ? Saoul répond : qui es-tu, Seigneur ? La voix lui dit : je suis Jésus le Nazoréen, celui que toi, tu persécutes. »

 

Le crucifié/ressuscité des morts dit donc à Saoul : « pourquoi me persécutes-tu ? » La question que nous pourrions nous poser est donc celle-ci : en quoi le meurtre du Diacre Etienne et de tant d’autres, touche à ce point Jésus le Nazoréen. En effet, dire à ce Saoul, qu’il Le persécute, Lui, le ressuscité des morts, cela peut nous interroger. Certains peuvent penser que cette formulation de l’évangéliste Luc est une sorte d’euphémisme, une manière symbolique qui traduit l’attachement de Dieu à son église. D’autres peuvent même imaginer que l’Apôtre Paul a inventé cette historiette pour se faire accepter dans le cercle des Apôtres.

 

Pour ma part, je vais prendre au pied de la lettre ce que nous relate l’Evangéliste Luc. Car prendre cette parole au pied de la lettre nous permet d’aller plus en profondeur dans cette relation que nous tissons les uns et les autres avec Dieu.

 

Une communion avec le Christ dans les deux sens

 

Lorsque Saoul entend : « je suis Jésus le Nazoréen, celui que toi, tu persécutes ». Cette parole induit que ce Jésus-là vit d’une manière profonde les persécutions que subissent les premiers chrétiens. Nous sommes tous, ici, les témoins de ce Jésus. Et en tant que témoins nous avons intégré dans notre vie de foi cette communion profonde que nous entretenons avec notre Dieu. Le point culminant de cette profonde communion peut se vivre lorsque nous partageons le repas du Seigneur. Je vous rends attentif à ce mot de communion car notre relation à Dieu se vit vraiment dans les deux sens. Ce que nous vivons de grave, de dramatique affecte notre Dieu. Ce que nous vivons de beau et de bon dans nos vies réjouit notre Créateur. Nous sommes vraiment les témoins d’un Vivant.

 

Dit autrement et d’une manière plus imagée : si quelqu’un s’avance vers moi et me donne deux gifles magistrales, ce que je ne souhaite pas, en me disant : « ton Jésus n’existe pas et pour la peine je t’en donne deux de plus ! » Cette personne ne mesure pas encore qu’elle offense en premier lieu Celui pour qui je rends témoignage : Jésus le Nazoréen, même si recevoir deux paires de gifles sera pour moi fort désagréable. Cette personne en me giflant, par la communion que nous avons avec le Christ, le persécute Lui aussi. Nous ne sommes pas seuls.

 

De même, si quelqu’un s’avance vers vous et vous dit toute sa reconnaissance pour la méditation que vous avez réalisée ou pour l’aide matérielle que vous lui avez donnée, vous savez que ce que vous avez fait c’est au nom de Jésus Christ. Vous accueillez avec joie cette reconnaissance tout en sachant que Celui que vous servez est aussi dans la joie parce qu’en communion avec vous et vous avec Lui. Nous ne sommes pas seuls.

 

Donc, lorsque nous nous définissons comme témoins, bibliquement parlant, cela veut dire quelque chose de précis et de réellement profond. C’est peut-être cette profondeur qu’au fil du temps notre église a perdue de vue. Cela fait plus de sept années que j’occupe cette fonction de président du Conseil régional et j’ai pu constater dans mes multiples déplacements en région et lors de ces trente années de ministère à quel point cette notion de témoin posait question dans notre église. Même si, depuis une bonne décennie notre église se définit, sur son site internet, comme étant une église de témoins. Mais témoins de quoi, de qui ? Si on s’inspire du livre des actes des Apôtres, la chose semble claire : nous sommes témoins de Jésus le Nazoréen celui qui a été crucifié, qui est mort, qui est ressuscité des morts et qui nous a donné l’Esprit Saint pour que nous témoignions de Lui : de ce qu’il a fait, de ce qu’il fait aujourd’hui, et, soyons-en convaincus, il est très actif, et, de ce qu’il fera demain.

 

Que témoignons-nous les uns et les autres ?

 

La question que nous devons nous poser aujourd’hui c’est donc : que témoignons-nous les uns et les autres ? Certains vous diront : « ben cela va de soi, de notre protestantisme ». D’autres plus théologiens vous diront :
« Ben cela va de soi, du Salut par la grâce par le moyen de la foi ». Certains d’une manière plus ou moins timide : « heu… De notre beau temple ». D’autres encore avec assurance : « De nos idées suffisamment larges qui sont en adéquation avec le monde d’aujourd’hui ». Puis certains, avec justesse, rappelleront leurs engagements, social ou politique, dans la société civile.

 

Entendons-nous bien, je ne dis pas que cela n’est pas à dire, à faire, à vivre. Mais c’est secondaire. La vocation première de l’Eglise c’est d’être une communauté qui est témoin de Jésus le Nazoréen, le crucifié, mort, ressuscité, déclaré Christ de Dieu et Seigneur, et qui offre son Saint Esprit à toute personne qui veut bien l’accueillir. C’est notre vocation première. Et reconnaissons-le, nous avons un peu de mal avec cela. Et puis certains vous diront : « Hé président ! c’est surtout le boulot des pasteurs de témoigner de Jésus Christ » …

 

Une crise plus profonde

 

Nous avons donc un peu perdu de vue, à mes yeux, notre vocation première en tant qu’église du Christ. Et nous avons, ici et là, des signes avant-coureurs de la conséquence de cet éloignement. Ils sont nombreux mais j’en discerne deux. Tout d’abord, l’état de fatigue et de lassitude que parfois nous percevons dans beaucoup de nos membres d’Eglise engagés, la situation année après année ne s’arrange pas. Ensuite, vu le peu de renouvellement que nous avons dans nos églises locales, il y a de quoi se poser de vraies questions. Il semble évident que nous traversons une crise, bien plus profonde que nous ne le pensions, peut-être ? Donc, si notre vocation première c’est d’être tous des témoins de Jésus le Nazoréen, le Vivant, pourquoi cela nous semble- t-il si compliqué ? Quels sont donc les obstacles ?

 

Un seul obstacle : Nous !

 

Je n’en vois qu’un : c’est nous-mêmes ! Nous n’allons surtout pas jeter la pierre sur la société qui serait, soi- disant, responsable de tous les maux ! D’autres le font et nous n’allons pas tomber dans ce piège ! Nous n’allons pas, non plus, jeter l’opprobre sur les générations qui nous ont précédés et qui n’ont pas su, pas pu mobiliser plusieurs générations pour qu’elles s’engagent dans nos Eglises. Et en disant ce « nous », entendons- nous bien, ce n’est pas pour nous culpabiliser. Et le « nous » que j’emploie est un nous qui m’inclue vraiment, ce n’est pas une figure de style. C’est nous tous qui n’arrivons plus à être le témoin de Jésus le Nazoréen, le vivant, Celui qui a autorité sur le péché, sur la mort, sur la maladie, sur la vie. Nous n’y arrivons plus car le combat spirituel est rude. Reconnaissons-le. De plus, nous les réformés/Luthériens nous sommes un peu compliqués. Nous ne voulons ni ressembler aux catholiques, ni aux évangéliques et surtout ne pas être catalogués dans cette société comme des illuminés de Dieu. Donc nous avons toutes les peines du monde à nous positionner. Et lorsqu’une personne nous questionne sur notre foi nous avons toutes les peines du monde là aussi, à lui répondre, par exemple « que Jésus est mon Seigneur et mon Dieu » comme l’affirme Thomas dans l’évangile selon Jean.

 

Une idéologie qui nous influence

 

Nous n’y arrivons plus parce que nous sommes aussi influencés par cette idéologie égocentrique qui règne actuellement. Nous sommes devenus, comme tant d’autres, les promoteurs de notre image personnelle. Narcisse à l’époque n’avait qu’un plan d’eau pour admirer son visage. Nous, nous avons un téléphone portable qui peut, à tout moment, nous renvoyer une belle image de nous même quand tout va bien via les réseaux sociaux. Mais l’image de nous-mêmes peut devenir détestable dès que nous sommes harcelés par des décérébrés. Notre église, elle aussi est tombée dans cette course sans fin de la promotion d’une belle image d’elle-même, comme si c’était sa vocation. En tant que chrétiens nous ne sommes pas là pour promouvoir une belle image de nous-mêmes ou de notre église, et encore moins une bonne image de Jésus Christ. Le Christ n’est ni un slogan, ni une marque, ni une idée. Il se nomme Jésus, le Nazoréen, le Vivant, celui-là même qui a autorité sur le péché, sur la mort, sur la maladie, sur la vie. Et, jusqu’à preuve du contraire, personne, à ce jour, n’a fait mieux. Sans vraiment nous en rendre compte, nous témoignons surtout de nous-mêmes, influencés que nous sommes, je le répète, par cette idéologie égocentrique en vogue. Nous nous racontons. Nous témoignons de notre protestantisme, de notre manière d’interpréter la Bible, de nos engagements dans la société civile, de notre fonctionnement d’église qui donne plus de place à la liberté individuelle. Bref, c’est de l’entre soi. Dans ce contexte idéologique où la course à la bonne image de soi occupe jour et nuit nos politiques, nos médias et nos réseaux sociaux, il nous faut, il est vrai, un peu de résistance pour ne pas tomber dans la même folie et un peu de courage pour témoigner de Jésus Christ, le seul qui a autorité sur le péché, la mort, la maladie, mais aussi sur la vie ! Et si la société devient moins bienveillante envers les églises comme c’est le cas actuellement, en les étouffant par des démarches administratives, et en réduisant nos libertés, devons-nous nous taire pour autant et nous terrer dans nos temples en espérant ne déranger personne ?

 

Pourquoi sommes-nous église ?

 

Pourquoi sommes-nous là, rassemblés en synode régional ? Pourquoi allons-nous au culte le dimanche ? Est- ce seulement pour nous qui avons déjà reçu la grâce surabondante de notre Dieu et qui sommes en relation avec le Vivant, le Présent ? Si nous sommes église ce n’est pas pour nous, c’est donc pour ce monde qui est le nôtre. Si c’est pour notre monde, c’est pour que les habitants de notre monde entendent et découvrent la Présence de Jésus le Nazoréen dans leurs vies, ici et maintenant, tout comme nous. Nous savons tous que cette Présence de Jésus le Nazoréen est tournée résolument vers les blessés de la vie, les exclus de la société, les déracinés climatiques, les traumatisés par les guerres et le terrorisme et les terroristes y compris, à l’image de Saoul. Et si nous sommes communautés, églises, rassemblés en son Nom c’est pour tous ces gens-là que nous devons accueillir, pour, avec eux, rendre gloire et grâce au Seigneur de la vie et qu’ensemble nous en accueillions d’autres. Et, petit à petit cette communauté ouverte sur le monde mettra en place des lieux de solidarités qui font défauts dans la société d’aujourd’hui.

 

Confiance et résistance !

 

J’ai donc confiance en notre capacité à retrouver la place qui est la nôtre, celle que le Christ a institué pour que Sa bonne nouvelle rencontre la multitude d’aujourd’hui. J’ai confiance dans cette volonté de notre Dieu de nous voir plus rayonnants et heureux en sa Présence qui nous conduit. J’ai confiance en notre capacité de remise en question pour tous nous inscrire dans un élan réellement « missionnaire » c’est-à-dire dans une capacité d’accueil et d’accompagnement digne de ce nom. Pour cela, nous devons nous faire confiance mutuellement comme lors de notre rencontre régionale présidents/ trésoriers/réviseurs des comptes fin septembre et lors de la pastorale régionale mi-octobre. Nous nous sommes faits confiances. Ce que nous avons vécu est pour moi le signe que notre église est prête à se remettre ensemble dans les pas du Christ ressuscité à la découverte de celles et ceux que le Seigneur nous fera rencontrer. Que s’est-il passé lors de ces deux rencontres ? Nous nous sommes donc retrouvés par groupe de six, sept personnes et nous avons tout simplement partagé notre parcours spirituel. Et cela a fait un bien fou de voir, d’entendre les mille et une façons dont Dieu s’y prend pour nous rencontrer et nous mettre en route. C’est édifiant, c’est encourageant. Rien ne nous empêche maintenant de le vivre en conseil presbytéral et dans nos assemblées par petits groupes. Lors de ces deux rencontres, et il est important de le préciser, nous avons dû, premièrement, dépasser une mauvaise compréhension de notre pudeur réformée, car il n’y a rien d’impudique dans le fait de témoigner de cet accompagnement, de cette Présence, de cet Amour de Dieu que nous vivons. Ce n’est pas impudique puisque notre Dieu nous demande d’être ses témoins. Et, deuxièmement, nous avons résisté à cette tendance sociétale, à cette injonction de la société civile qui cantonne les religions dans le domaine seulement et uniquement privé. Comme si la foi devait se réduire à la portion congrue, au seul dialogue entre Dieu et l’individu en secret dans sa chambre, tout seul, en cachète. C’est non seulement mal comprendre ce qu’est la laïcité à la française et c’est surtout sombrer dans un laïcisme regrettable ! Fort de cette double résistance, n’hésitons pas à nous faire du bien en proposant, en toute simplicité, de tels partages dans nos communautés, en famille. Vivons le une seule fois, cela suffit. Puis laissons le souffle divin nous rassembler et nous fortifier. Oui, faisons-nous du bien car notre société, le monde et notre planète partent en vrille. Cette société va avoir besoin d’une église fidèle à son Sauveur et en capacité d’œuvrer pour tous les blessés de la vie, les exclus de la société, les déracinés climatiques, les traumatisés par les guerres et le terrorisme. Notre Seigneur agit aujourd’hui comme hier et comme il agira demain. Mais son action passe par nous. C’est Sa décision. Sa vie passe par nous, ses sarments, Son Amour passe par nous, ses serviteurs inutiles, Sa Grâce passe par nous, ses témoins, Sa Présence passe par nous, ses enfants. Confiance ! Il est là ! Confiance tu es son témoin, tu n’es pas seul ! Confiance tu es en communion avec Lui comme ton voisin, comme nous tous ici présents.
Merci pour votre écoute.

 

Pasteur Jean-Pierre Julian
Président du Conseil régional en CLR

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