Jean-François Breyne
Nous ne connaissons pas bien l’origine de cette tradition venue d’Alsace et/ou d’Outre-Rhin, et qui date vraisemblablement du début du siècle dernier. Qu’importe ici. Personnellement, j’aime particulièrement cet usage. Il symbolise la lumière qui vient et qui croît, en écho avec l’évangile de Jean. En effet, pas d’ange ni de berger dans le 4ème évangile, pas même l’ombre d’un mage à l’horizon. Pas de récit de la Nativité chez Jean, qui nous propose en lieu et place une hymne magnifique en ouverture de son Évangile, comme pour tout récapituler en quelques mots. Mais s’il n’est pas question de crèche ni d’étoile, tout est inondé de chants et de lumière ; car il est bien question de parole et de lumière. Davantage même, d’une Parole qui est lumière, qui s’en vient éclairer la ténèbre, même la ténèbre la plus épaisse, même si celle-ci, encore et toujours, lui oppose sa force de résistance.
Bien sûr, parfois la ténèbre, partout autour de nous, semble encore et toujours triompher ; mais c’est là, justement, que Dieu vient !
Car le Dieu de Jésus-Christ se révèle de nuit. Toujours.
C’est là qu’il veut prendre corps, pour tout illuminer, pour tout transfigurer.
Noël nous apprend une chose : là où Dieu vient, c’est ici-bas, sur cette terre, en nous et entre nous afin de nous enfanter à la vie. « Ne cherche pas Dieu au ciel.
Disait Luther ! Tu ne l’y trouveras pas. Le ciel est devenu vide de lui. Cherche-le sur la terre où il se tient caché et crucifié. À ta porte. » (Martin Luther, in Gorgées d’Évangile, p. 29).
C’est cela, le miracle de Noël : Dieu vient, en Christ, habiter parmi nous, faire en nous sa demeure, planter sa tente, dit littéralement le grec pour que triomphe à jamais la lumière sur les ténèbres. La parole sur le mutisme. Le chant par-delà la plainte. À nous, il incombe simplement de laisser s’accorder nos paroles à la sienne, d’allumer humblement une bougie supplémentaire et ainsi, avec reconnaissance, d’accueillir sa lumière jusqu’au plus profond de nos vies, afin de naître à nouveau de son souffle.